Les Français restent très attachés à la maison individuelle mais 75 % d’entre eux jugent qu’elle sera bientôt « réservée à une élite ». Parmi les causes : l’envolée des prix. En Bretagne, c’est une réalité : en 2024, une maison ancienne (construite il y a plus de 5 ans ou ayant déjà fait l’objet d’une vente, succession ou donation) se vend dans la région à un prix médian de 216 000 €. Un tarif en nette hausse sur cinq ans, + 37 %.
La notion de prix médian correspond au « milieu » de la série des prix de transactions : on compte autant de ventes à un prix dépassant ce montant que de ventes moins chères. En ce sens, le prix médian régional le montre : les prix affichés pour les maisons anciennes dépassent de plus en plus fréquemment les 200 000 € en Bretagne. Un coup dur pour les foyers modestes qui rêvent devenir propriétaires.
106 communes sous le seuil des 150 000 €
Il existe pourtant certains coins en Bretagne où la moitié des transactions enregistrées sur les douze derniers mois ne dépassent pas les 150 000 euros. Cela reste le cas dans 106 communes, parmi les 479 analysées par Notaire & Breton*. Ce qui n’est pas énorme : à peine un quart des villes scannées.
Lesquelles ? Surtout des communes du Centre-Bretagne. En 2024, les maisons anciennes qui ont été vendues l’ont été à un prix médian inférieur à 100 000 € à Commana (78 500 €), Glomel (80 000 €), Callac (82 500 €), Rostrenen (85 000 €) ou encore Spézet (93 000 €).
Ailleurs dans le centre de la région, les tarifs (hors frais de notaire et d’agence) ont rarement dépassé les 130 000 €. La moitié des transactions pour un habitat individuel ne dépassaient pas les 120 000 € à Saint-Méen-Le-Grand, 115 000 € à Scaër, 128 100 € à Guern ou 100 000 € à Guerlédan. Seule la commune de Loudéac fait exception (145 000 €), mais reste sous la barre symbolique des 150 000 €.
Les grandes villes au-dessus des 200 000 €
Et ailleurs ? Plus on se rapproche du littoral, plus les maisons à un prix médian inférieur à 150 000 € se font rares. On en compte encore à Plounévez-Lochrist (146 300 €), Plouénan (140 000 €), Saint-Martin-des-Champs (149 000 €), Arzal (149 800 €), Saint-Dolay (140 000 €) ou à la Pleine-Fougères (137 000 €). Mais cela reste plus de l’exception que du principe.
Car dans les villes côtières comme dans les grandes villes et les agglomérations, il est devenu très compliqué d’acheter à moins de 150 000 €. Et même à moins de 200 000 €. À Brest Métropole, la moitié des maisons individuelles vendues l’ont été au-dessus de ce seuil en 2024 (217 500 € à Brest ville, 239 000 € à Guipavas, 247 500 € à Plouzané). C’est encore pire dans l’agglomération lorientaise (480 000 € à Larmor-Plage, 388 100 € à Ploemeur) ou rennaise (328 300 € à Saint-Jacques-de-la-Lande, 450 000 à Cesson-Sévigné, 500 400 € à Saint-Grégoire).
De moins en moins de communes
Cela ne devrait pas aller en s’améliorant, comme en témoigne l’évolution entre 2024 et 2019 : le tarif affiché pour les maisons anciennes ne cesse d’augmenter. Résultat : en cinq ans, le taux de communes bretonnes où l’on peut acquérir des biens anciens à un prix médian inférieur à 150 000 € est passé de 44 % à 22,5 % (parmi les communes dont Notaire & Breton dispose d’une donnée *).
La moitié des transactions enregistrées en 2019 à Plouguerneau ne dépassaient pas les 150 000 euros (143 200 €) ; ce n’est plus le cas aujourd’hui (208 500 €). Pareil à Audierne (132 500 € en 2019 ; 240 000 € en 2024), Ploufragan (122 000 € en 2019 ; 180 000 € en 2024) ou encore à Saint-Pol-de-Léon (115 000 € en 2019 ; 199 200 € aujourd’hui). Même si, bien évidemment, l’inflation joue une part non négligeable dans cette hausse des prix de l’immobilier.
*Méthodologie
Les données ont été fournies au Télégramme par Notaire & Breton, la chambre interdépartementale des notaires de la cour d’appel de Rennes, qui couvre la Bretagne administrative et la Loire-Atlantique. Ces prix médians 2024 (50 % des ventes ont une valeur inférieure ou égale à la médiane et 50 % des ventes ont une valeur supérieure ou égale) sont calculés sur les ventes effectuées sur une année glissante, entre mai 2023 et mai 2024. Un minimum de 20 ventes est requis pour chaque commune et chaque année, ce qui explique qu’aucun montant et/ou aucune évolution ne soit communiqué(e) pour certaines villes. Les montants sont à considérer avec un certain recul, une transaction au montant très élevé pouvant jouer fortement dans le cas de petits volumes de ventes. Ils ne comprennent pas également les frais de notaire et les éventuels frais d’agence. Il faut aussi ne pas oublier le poids de l’inflation.
Source
Composition des Frais de Notaire
Lorsque l’on achète ou vend un bien immobilier en France, une partie souvent négligée mais significative du coût total est constituée des frais de notaire. Ces frais, censés couvrir les honoraires du notaire ainsi que les taxes et droits de mutation, peuvent représenter jusqu’à 8% à 10% du prix d’achat du bien.
Opacité et Complexité Tarifaire
Une grande partie de ces frais va aux différents impôts et taxes que l’acheteur doit payer à l’État, tels que les droits de mutation et la taxe de publicité foncière. Cependant, une part importante revient également aux honoraires du notaire lui-même. Ces honoraires, bien que réglementés par l’État, restent souvent élevés et peuvent sembler disproportionnés par rapport aux services réellement rendus.
Manque de Transparence et Inégalités Sociales
De nombreux citoyens se plaignent du manque de transparence et de la complexité des tarifs des notaires. Contrairement à d’autres professionnels, les notaires ne sont pas tenus de fournir un devis détaillé avant d’engager leurs services. Les clients se retrouvent souvent confrontés à des frais imprévus et à des pratiques tarifaires opaques, ce qui alimente un sentiment d’injustice et de méfiance envers la profession.
Impact sur l’Accessibilité au Logement
Les frais de notaire sont souvent critiqués pour leur impact sur l’accessibilité au logement. Dans un marché immobilier déjà tendu, ces frais peuvent constituer un obstacle financier majeur pour les acheteurs, en particulier les primo-accédants et les jeunes ménages. Cette situation renforce les inégalités sociales et territoriales en limitant l’accès à la propriété pour de nombreux citoyens.
Appel à une Réforme du Système
Certaines voix s’élèvent pour réclamer une réforme en profondeur du système des frais de notaire. Ces réformes pourraient inclure une meilleure régulation des tarifs, une plus grande transparence des pratiques tarifaires et une simplification des procédures pour réduire les coûts pour les consommateurs.
Conclusion : Vers une Plus Grande Équité
En conclusion, les frais de notaire sont souvent perçus comme une charge financière injuste pour les citoyens français. Le manque de transparence, les tarifs élevés et l’impact sur l’accessibilité au logement sont autant de raisons pour lesquelles une réforme du système est nécessaire afin de garantir une plus grande équité et un accès équitable à la propriété pour tous.