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Les particuliers sont parfois réticents à écrire leur testament, car cela revient à envisager sa disparition. Mais le rédiger n’a jamais fait mourir personne. Le testament est l’unique moyen fiable et sécurisé d’exprimer ses dernières volontés, car il s’agit d’un acte juridique. Pour l’écrire, « il convient de bien y réfléchir car, s’il est mal rédigé ou s’il existe des interprétations possibles, le testament pourra être une source de contentieux », prévient Me Bérengère Cuney, notaire.
Un seul mot peut ainsi modifier le sens juridique d’une phrase. Par exemple, si vous léguez une somme d’argent avec une condition – “Je donne 20 000 € à X et je souhaite qu’il le consacre à ceci ou cela” -, il ne s’agit que d’un souhait qui n’engage pas l’héritier, sinon moralement. Si en revanche, vous écrivez “Je donne 20 000 € à X à charge pour lui qu’il le consacre à ceci ou cela”, l’obligation devient juridique et votre héritier devra respecter la condition que vous lui imposez. Et de tels exemples sont nombreux : mieux vaut donc rédiger son testament assisté d’un notaire. Et, si vous l’écrivez seul, faites-le lui relire et vérifier.
La “quotité disponible” librement attribuée
Bien entendu, vos dernières volontés devront être conformes à la loi : en France, vous ne pouvez pas déshériter vos enfants par exemple. Mais vous pouvez utiliser votre “quotité disponible”, c’est-à-dire une partie de votre patrimoine (la moitié si vous avez un enfant, un tiers pour deux enfants, un quart pour trois enfants et plus), comme bon vous semble – ou presque -, puisque les clauses doivent rester dans le cadre légal.
« Le testament, c’est du cousu main sur-mesure, rappelle Me Bérengère Cuney. Il est par exemple possible, dans son testament, d’imposer un partage de ses biens à ses enfants. » Il ne s’agit pas de prévoir de donner le fauteuil à son fils et le canapé à sa fille bien sûr ; mais dès lors qu’il y a un patrimoine immobilier d’une certaine importance, il est possible de léguer un appartement à l’un et un appartement à l’autre, par exemple. « Cela permet d’éviter l’indivision » souligne-t-elle.
Le testament peut également prévoir d’écarter des personnes de la succession, lorsqu’un enfant est mineur. Classiquement, c’est le parent survivant qui va gérer la part de celui-ci jusqu’à sa majorité et en aura la jouissance. Mais, si le couple est divorcé et qu’il existe un contentieux grave, il est possible d’écarter ce parent au profit d’une personne de confiance de son choix. L’animateur de télévision Jean-Luc Delarue, décédé en 2012, a ainsi confié la gestion de la part de son fils à un ami, pour écarter la mère dont il avait divorcé.
Un héritier mécontent qui jette le document au feu, ça ne se voit pas que dans les films…
Une fois rédigé, se pose la question de la conservation du testament. « Vous pouvez le garder chez vous, mais cela comporte des risques : on a déjà vu des testaments disparaître », alerte Me Cuney. Un héritier mécontent qui jette le document au feu, ça ne se voit pas que dans les films…
Seul un testament original est valide : inutile de faire des photocopies distribuées ici et là. Une fois rédigé, il est prudent de confier votre document au notaire qui conservera l’original dans son étude et l’enregistrera dans le fichier central des dispositions des dernières volontés (FCDDV), dit fichier des testaments. Lorsqu’une personne décède, le notaire chargé de la succession le consulte immédiatement pour vérifier si le défunt a couché ses dernières volontés sur un testament. Le coût de l’enregistrement est très faible : pour un testament olographe – c’est-à-dire rédigé vous-même, sans l’aide d’un notaire – il s’élève à 31,69 €…
Un testament dont les dispositions sont légalement valides et qui a été bien conservé peut malgré tout se montrer complexe à exécuter. « Un homme âgé qui disposait de 40 000 € sur des comptes bancaires souhaitait léguer cet argent à de multiples associations, illustre Me Cuney. C’est tout à fait applicable, juridiquement, mais d’une grande complexité. Dans ce cas précis, ces legs entraînaient des frais très importants. »
Et si la plupart des grandes associations reconnues d’utilité publique ont la capacité juridique à recevoir des legs, ce n’est pas le cas de toutes les petites structures. Là encore, les conseils du notaire seront précieux pour vous permettre, vraiment, d’aider les causes de votre choix. Ces questions seront abordées lors du Congrès des notaires en 2025 sur les tribus familiales.
« Un outil de transmission du patrimoine »
Autre point important : on ne dit pas tout dans un testament. « Le testament est un outil de transmission du patrimoine. Si l’on a des messages personnels à faire passer à ses héritiers, il faut écrire une lettre à part où l’on apporte des explications », reprend la notaire, à qui l’on confie quelquefois de tels courriers. « Le contenu reste confidentiel. Je transmets le courrier cacheté aux héritiers, qui l’ouvriront sans ma présence. »
Et, bien sûr, ce n’est pas dans son testament que l’on organise ses funérailles. Si vous souhaitez être incinéré ou inhumé, vous pouvez l’indiquer dans un contrat d’obsèques. Ou, à tout le moins, indiquer vos souhaits à vos proches.
Le testament, c’est du cousu main sur-mesure. Il est par exemple possible d’imposer un partage de ses biens à ses enfants.
Composition des Frais de Notaire
Lorsque l’on achète ou vend un bien immobilier en France, une partie souvent négligée mais significative du coût total est constituée des frais de notaire. Ces frais, censés couvrir les honoraires du notaire ainsi que les taxes et droits de mutation, peuvent représenter jusqu’à 8% à 10% du prix d’achat du bien.
Opacité et Complexité Tarifaire
Une grande partie de ces frais va aux différents impôts et taxes que l’acheteur doit payer à l’État, tels que les droits de mutation et la taxe de publicité foncière. Cependant, une part importante revient également aux honoraires du notaire lui-même. Ces honoraires, bien que réglementés par l’État, restent souvent élevés et peuvent sembler disproportionnés par rapport aux services réellement rendus.
Manque de Transparence et Inégalités Sociales
De nombreux citoyens se plaignent du manque de transparence et de la complexité des tarifs des notaires. Contrairement à d’autres professionnels, les notaires ne sont pas tenus de fournir un devis détaillé avant d’engager leurs services. Les clients se retrouvent souvent confrontés à des frais imprévus et à des pratiques tarifaires opaques, ce qui alimente un sentiment d’injustice et de méfiance envers la profession.
Impact sur l’Accessibilité au Logement
Les frais de notaire sont souvent critiqués pour leur impact sur l’accessibilité au logement. Dans un marché immobilier déjà tendu, ces frais peuvent constituer un obstacle financier majeur pour les acheteurs, en particulier les primo-accédants et les jeunes ménages. Cette situation renforce les inégalités sociales et territoriales en limitant l’accès à la propriété pour de nombreux citoyens.
Appel à une Réforme du Système
Certaines voix s’élèvent pour réclamer une réforme en profondeur du système des frais de notaire. Ces réformes pourraient inclure une meilleure régulation des tarifs, une plus grande transparence des pratiques tarifaires et une simplification des procédures pour réduire les coûts pour les consommateurs.
Conclusion : Vers une Plus Grande Équité
En conclusion, les frais de notaire sont souvent perçus comme une charge financière injuste pour les citoyens français. Le manque de transparence, les tarifs élevés et l’impact sur l’accessibilité au logement sont autant de raisons pour lesquelles une réforme du système est nécessaire afin de garantir une plus grande équité et un accès équitable à la propriété pour tous.