Cas pratique n° 1
3.200 euros de frais pour passer de la communauté légale à la communauté universelle
Yves et Jacqueline, couple de retraités âgés de 70 ans, souhaitent opter pour la communauté universelle avec clause de préciput, qui offre la possibilité au conjoint survivant de conserver uniquement les biens qu’il désire. Leur patrimoine commun se compose d’un logement (800.000 euros), d’une résidence secondaire (400.000 euros), de deux PEA pour 300.000 euros, ainsi que de deux contrats d’assurance vie pour une valeur de 500.000 euros. Yves a reçu en héritage un bien propre d’un montant de 250.000 euros.
Émoluments proportionnels | Émoluments de formalités | Droit d’enregistrement(*) | Publicité foncière + CSI + autres taxes(*) | Débours | Total |
---|---|---|---|---|---|
957,31€ TTC (calculés sur la base de 250.000 €, bien propre de monsieur devenant commun) |
523,03 € TTC | 125 € | 1.019 € (base 125.000 €, soit 50 % de la valeur du bien propre de monsieur) | 575,66 € (sans TVA) | 3.200 € |
Des émoluments proportionnels…
L’officier ministériel est rémunéré par des émoluments fixés par la loi qui sont déterminés selon le type d’acte (la référence des actes est mentionnée au tableau 5 de l’annexe 47 du Code de commerce). Pour la rédaction d’un acte de changement de régime matrimonial (acte n° 41), la rémunération du notaire est constituée par des émoluments dits «proportionnels», calculés en appliquant un pourcentage à la valeur des biens mentionnés dans l’acte, selon un tarif dégressif par tranche, fixé par le Code de commerce (articles A 44282 et A 44283) et auquel le notaire ne peut déroger.
Ils supportent une TVA de 20 %. Pour un couple désirant passé du régime légal (communauté réduite aux acquêts) à un régime de communauté universelle, cet émolument dépend de la valeur brute des biens mis en communauté. «Si cette valeur est inférieure ou égale à 30.800 euros, le coût est limité à un forfait de 226,40 eu ros toutes taxes comprises (TTC) selon l’article A 44482 du Code de commerce.
Sinon, un barème dégressif s’applique dont le taux est de 0,266 % hors taxes (HT) au-delà de 60.000 euros», explique Me Marie Monmarché, notaire au sein du groupe Monassier, à Joué-lès-Tours. «L’inclusion dans le contrat de mariage d’une clause d’attribution intégrale (à conseiller avec prudence en présence d’enfants, car elle peut générer un surcoût fiscal pour ces derniers) ou d’une clause de préciput (qui permet à l’époux survivant de prélever les biens qu’il souhaite conserver) ne donne pas lieu à émoluments», poursuit la notaire
Dans l’exemple de notre couple de retraités, ces émoluments sont calculés selon le barème dégressif, dès lors que la valeur brute du bien propre d’Yves apporté à la communauté a une valeur de 250.000 euros. Les frais s’élèvent à 957,31 euros TTC. Lorsque des époux mariés sous le régime de la communauté adoptent la séparation de biens, tout comme le jeune couple choisi pour notre second exemple. l’acte doit nécessairement contenir la liquidation du régime matrimonial des époux (détermination et évaluation des droits de chacun d’entre eux), sous peine de nullité.
Cette opération comptable étant une convention dépendante du changement de régime matrimonial, seul le changement de régime matrimonial donne lieu à la perception d’honoraires par le notaire. Dans la mesure où la valeur du patrimoine excède 30.800 euros, il s’agit d’émoluments proportionnels à valeur brute de la totalité des biens, calculés selon le barème dégressif de l’article A 44482 du Code de commerce (taux de 0,266 % au-delà de 60.000 euros).
Ainsi, notre couple de trentenaires devra acquitter des émoluments calculés sur la totalité de son patrimoine (700.000 euros), soit la somme de 2.393,72 euros TTC. Afin d’assurer le cloisonnement des patrimoines de chacun des conjoints et de les protéger d’éventuels créanciers, la liquidation de la communauté est suivie généralement du partage des biens entre les époux.
«Pour éviter de rester en indivision, il est fait en sorte d’attribuer un bien à l’un d’eux, à charge pour lui de verser à l’autre une soulte», explique Me Marie Monmarché. Cette opération de division donne lieu à la rédaction d’un acte de partage rémunéré par des émoluments proportionnels à la valeur brute des biens communs partagés, selon le barème de l’article A 444121 du Code de commerce. Cette décision est particulièrement onéreuse, puisque le taux des émoluments culmine à 0,998 % HT au-delà de 60.000 euros. Ainsi, dans la facture présentée par le notaire à notre jeune couple, ces émoluments se chiffrent à 7.183,17 euros TTC.
À SAVOIR
Seuls les émoluments proportionnels peuvent donner lieu à une éventuelle remise dont les modalités sont strictement encadrées par l’article A 444-174 du Code de commerce. Elle n’est possible que lorsque l’assiette des émoluments est supérieure à 100.000 euros et s’élève à 20 % maximum. Elle est à la discrétion du notaire et doit donner lieu à affichage dans les locaux de l’étude ou sur son site Internet. Elle doit être appliquée selon les mêmes modalités à tous ses clients.
Cas pratique n° 2
24.500 euros de frais pour passer de la communauté légale à la séparation de biens
Benjamin et Clotilde, trentenaires, mariés sans contrat de mariage, souhaitent passer en séparation
de biens, car la jeune femme envisage d’exercer une activité indépendante. L’ensemble de leurs biens
se compose d’une résidence principale (500.000 euros) et d’un compte-titres (50.000 euros). Clotilde
possède en plus un bien propre, reçu par donation de ses parents : un studio, évalué à 150.000 euros.
Émoluments proportionnels | Émoluments de formalités | Droit d’enregistrement(*) | Publicité foncière + CSI + autres taxes(*) | Débours | Total | |
---|---|---|---|---|---|---|
Changement de régime matrimonial | 2.393,72 € TTC (base de 700.000 €, valeur totale du patrimoine liquidé) |
104,29 € TTC | Aucun | 500 € (base 500.000 €, bien immobilier commun) |
750,68 € (sans TVA) |
3.748,69 € |
Partage | 7.183,17 € TTC (base de 550.000 €, biens communs partagés) |
430,14 € TTC | Aucun | 13.138 € (droit de partage de 2,5% sur actif net partagé de 525.500 € après déduction de la provision pour frais de 24.500 €) |
Aucun | 20.751,31 € |
Coût total | 9.576,89 € TTC | 534,43 € TTC | 13.638 € | 750,68 € | 24.500 € |
… et des émoluments de formalités
Aux honoraires d’acte s’ajoutent ceux dits «de formalités» pour les démarches effectuées par le notaire avant ou après la signature de l’acte. Fixés par la loi, ils peuvent être liés à l’archivage numérisé d’acte (11,40 euros TTC), à diverses publications (45,27 euros TTC) ou à la notification du changement de régime aux enfants majeurs (36,21 euros TTC).
Une provision sur émoluments et frais est réclamée par le notaire avant qu’il ne procède à la rédaction de l’acte de mariage. Il donne ensuite lieu à régularisation, avec restitution du trop perçu ou versement complémentaire par le client.
Les taxes perçues pour le compte du fisc Les taxes collectées ainsi par le notaire pour le compte du Trésor public représentent une part importante dans la facture. Ces coûts sont fixes ou proportionnels. Ainsi, l’enregistrement du contrat de mariage est assujetti à un droit fixe de 125 euros.
Le transfert de propriété d’un bien immobilier (un bien propre devient commun) nécessite d’être publié auprès du service de la publicité foncière et cette formalité entraîne une taxe de publicité foncière de 0,71498 %, calculée sur la moitié de la valeur du bien plus une contribution de sécurité immobilière de 0,1 % (même base). Ainsi, Jacqueline et Yves devront régler 1.144 euros de taxes.
Si les époux décident de procéder à un partage de biens à la suite du passage d’un régime de communauté à un régime de séparation, ils doivent en anticiper le surcoût fiscal, car cette opération donne lieu au paiement d’un droit de partage de 2,5 % qui sera reversé par le notaire au fisc.
Pour Benjamin et Clotilde, ce droit de partage fait considérablement grimper la note, puisqu’il s’élève à 13.138 euros et compte au bas mot pour près de 54 % dans la facture remise par le notaire.
À SAVOIR
Alors que les émoluments du notaire sont calculés sur la valeur brute des biens mentionnés dans l’acte de mariage, le droit de partage de 2,5 % est assis sur la valeur nette des biens partagés (après déduction notamment des frais prévisionnels de notaire).
De 0,2 à 1,3 % d’émoluments selon la valeur de vos biens
Barème des émoluments du notaire sur la valeur brute des biens | Changement de régime matrimonial(1) | Partage volontaire de biens(2) |
---|---|---|
De 0 à 6.500 euros | 1,29 % HT | 4,837 % HT |
De 6.500 à 17.000 euros | 0,532 % HT | 1,995 % HT |
De 17.000 à 60.000 euros | 0,335 % HT | 1,330 % HT |
Au-delà de 60.000 euros | 0,266 % HT | 0,998 % HT |
(1) Ce barème s’applique si la valeur des biens est supérieure à 30.800 €, sinon le forfait est de 226,40 € TTC. TVA à 20 %. (2) Opération effectuée après
le passage de la communauté légale à la séparation de biens pour mieux protéger le patrimoine des conjoints d’éventuels créanciers. TVA à 20 %.
Des frais et des débours
Il s’agit des sommes acquittées par le notaire pour le compte de son client, afin d’élaborer le dossier et dont il demande le remboursement à l’euro près. Par exemple, elles sont liées à la publication du changement de régime matrimonial dans un journal d’annonces légales, nécessaire à l’information des créanciers (360 euros selon le type de support). Ces débours ne sont pas soumis à la TVA. Leur détail apparaît dans le décompte final remis par l’officier ministériel.
Composition des Frais de Notaire
Lorsque l’on achète ou vend un bien immobilier en France, une partie souvent négligée mais significative du coût total est constituée des frais de notaire. Ces frais, censés couvrir les honoraires du notaire ainsi que les taxes et droits de mutation, peuvent représenter jusqu’à 8% à 10% du prix d’achat du bien.
Opacité et Complexité Tarifaire
Une grande partie de ces frais va aux différents impôts et taxes que l’acheteur doit payer à l’État, tels que les droits de mutation et la taxe de publicité foncière. Cependant, une part importante revient également aux honoraires du notaire lui-même. Ces honoraires, bien que réglementés par l’État, restent souvent élevés et peuvent sembler disproportionnés par rapport aux services réellement rendus.
Manque de Transparence et Inégalités Sociales
De nombreux citoyens se plaignent du manque de transparence et de la complexité des tarifs des notaires. Contrairement à d’autres professionnels, les notaires ne sont pas tenus de fournir un devis détaillé avant d’engager leurs services. Les clients se retrouvent souvent confrontés à des frais imprévus et à des pratiques tarifaires opaques, ce qui alimente un sentiment d’injustice et de méfiance envers la profession.
Impact sur l’Accessibilité au Logement
Les frais de notaire sont souvent critiqués pour leur impact sur l’accessibilité au logement. Dans un marché immobilier déjà tendu, ces frais peuvent constituer un obstacle financier majeur pour les acheteurs, en particulier les primo-accédants et les jeunes ménages. Cette situation renforce les inégalités sociales et territoriales en limitant l’accès à la propriété pour de nombreux citoyens.
Appel à une Réforme du Système
Certaines voix s’élèvent pour réclamer une réforme en profondeur du système des frais de notaire. Ces réformes pourraient inclure une meilleure régulation des tarifs, une plus grande transparence des pratiques tarifaires et une simplification des procédures pour réduire les coûts pour les consommateurs.
Conclusion : Vers une Plus Grande Équité
En conclusion, les frais de notaire sont souvent perçus comme une charge financière injuste pour les citoyens français. Le manque de transparence, les tarifs élevés et l’impact sur l’accessibilité au logement sont autant de raisons pour lesquelles une réforme du système est nécessaire afin de garantir une plus grande équité et un accès équitable à la propriété pour tous.